Le castor : comment vit-il ? Où peut-on l'observer en France ?
Le castor est un rongeur semi-aquatique très présent en France, du Verdon aux bords de Loire, de la Vallée du Rhône à l’Île-de-France, où l’on a d’ailleurs pu constater sa réapparition en 2018. Ce grand bâtisseur passe sa vie à aménager et peaufiner sa hutte afin que sa famille et lui-même y soient bien installés. Découvrons le mode de vie de ce véritable exemple de ténacité qui, à l’aube du XXe siècle était en voie d’extinction, et que nous pouvons heureusement aujourd’hui observer dans de nombreuses régions de France.
Carte d’identité du Castor d’Europe
Le castor d’Europe, Castor fiber, appartenant à la famille des Castoridae, est également appelé castor d’Eurasie, castor commun ou tout simplement castor. Castor est également le nom du genre auquel appartiennent les deux dernières espèces encore vivantes :
- Castor fiber (castor d’Europe),
- Castor canadensis (castor Nord-Américain).
C’est un mammifère herbivore et un rongeur semi-aquatique qui peut peser jusqu’à 30 kg et atteindre une longueur de 120 cm. Le mâle est généralement moins lourd que la femelle, mais on ne note pas de dimorphisme sexuel particulier chez les castors.
Castor, un constructeur inépuisable
Le castor est un ingénieur obsédé par la construction de son lieu de vie. Pour cela, la nature l’a doté de deux particularités assez exceptionnelles :
- Un crâne large et puissant,
- Des incisives arquées, longues et extrêmement coupantes à croissance continue (comme c’est le cas de tous les rongeurs).
Excellent nageur, il possède une fourrure parfaitement étanche, des pieds palmés, et sa longue queue plate si particulière est recouverte d’écailles.
Assez pataud sur la terre ferme mais d’une grande agilité dans un milieu aquatique, le castor aime s’installer sur une berge haute plantée d’arbres et située non loin d’une zone à découvert. Il peut donc élire domicile au bord d’un ru, d’une rivière peu rapide, d’un marais ou d’un lac, dès lors qu’il dispose d’une eau suffisamment profonde lui permettant de nager facilement.
C’est grâce à ses nombreux attributs physiques et à sa volonté que Castor fiber s’attaque aux arbres comme un vrai bûcheron, que ce soit pour se nourrir ou pour construire huttes et barrages, ces derniers pouvant atteindre deux mètres de hauteur. Sa force et sa volonté lui permettent d’abattre un tronc de 10 cm de diamètre en moins de trente minutes.
Avec un acharnement étonnant, il bâtit encore et toujours… un garde-manger sous l’eau, un nid flottant, une hutte qui domine le cours d’eau et cache l’entrée du territoire, un gîte sous-terrain avec cheminée d’aération et plancher surélevé où dormir bien au sec. Ce logis parfaitement pensé et organisé est en plus accessible par un tunnel de plusieurs mètres de longueur. Il est quasiment hors d’atteinte par les prédateurs du castor que sont le renard roux, l’ours brun et le loup. C’est avec le castoréum – sécrétion à l’odeur musquée - que le castor marque son territoire.
Alimentation du castor
Cet herbivore se nourrit essentiellement de végétaux (feuilles, racines, plantes aquatiques). Il mange également l’écorce des arbres, notamment de l’aulne, du tremble, du saule, du boulot car leur bois est tendre. C’est d’ailleurs ce qui constitue l’alimentation quasi essentielle du castor en hiver, lorsque les feuilles et les plantes aquatiques viennent à manquer. Afin de nourrir sa famille durant toute la morte saison, il stocke au fond des eaux froides des dizaines de mètres cubes de branches qu’il cale à l’aide de grosses pierres. Cela constitue une alimentation riche en fibres et en cellulose.
Et lorsque les températures sont extrêmement basses, le castor entre en phase de léthargie. Ses réserves graisseuses lui permettent alors de subsister jusqu’à ce que les conditions météorologiques redeviennent plus clémentes.
Castor : un rongeur sympathique
Le castor est un rongeur monogame à l’esprit de famille très développé. Fidèle, un couple de castors se forme pour la vie et élève ses petits avec amour. Après une gestation comprise entre soixante et cent-vingt jours, la femelle castor met au monde pas plus de trois petits dont le poids de naissance maximal est d’environ six-cents grammes. La mère nourrit ses bébés pendant six semaines, mais il leur faut attendre d’avoir deux ans pour atteindre la maturité sexuelle. Pendant toute cette période, les petits castors restent avec leurs parents très attentifs à leur progéniture. Une fois devenus adultes, ils quittent l’environnement familial.
Dans son milieu naturel, le castor ne vit guère plus de 8 ans, pourtant il peut atteindre une quinzaine d’années s’il vit dans d’excellentes conditions.
Castor, enfin réintégré !
Outrageusement chassé pour sa jolie fourrure, le castor d’Europe a quasiment disparu, puis a peu à peu réintégré nos paysages nationaux. Au cours du siècle dernier, Le bassin fluvial de la basse vallée du Rhône a été naturellement recolonisé tandis que des réintroductions successives de castors ont été effectuées dans vingt-six localisations françaises. C’est ainsi que d’à peine cent spécimens on est passé à plus de quinze-mille castors en une centaine d’années dans notre pays.
L’Office National de la Chasse s’est vu confier la surveillance du castor en France par le Ministère chargé de l’Environnement, en 1987. Cela a permis de mieux connaître l’évolution de l’espèce afin de rechercher des solutions pour :
- Continuer à réintroduire le castor en France sur des sites nouveaux,
- Limiter les dommages causés par le castor grâce à certaines procédures permettant sa capture,
- Observer l’activité des castors d’Europe.
Cette observation a largement facilité la collecte de données, notamment au vu de la présence du castor sur les différents cours d’eau français colonisés. Tous les indices ayant permis de dresser une estimation du degré de présence de ce rongeur semi-aquatique ont été reportés sur une carte IGN que l’on peut consulter sur le site officiel de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS).
Où observer le castor en France ?
Le castor est surtout présent dans les départements du centre de la France, du sud-est et du nord-est. Loire, Rhône, Saône, Tarn, Aulne, Meuse, Rhin et quelques affluents sont plus particulièrement fréquentés par ce gros rongeur qui recherche les eaux pures.
Le castor d’Europe est un animal protégé - tout comme son habitat - par arrêté du 23 avril 2007 du Code de l’Environnement.
Pour observer le castor, il faut prendre certaines précautions afin de ne pas le perturber. Discret, il est aussi extrêmement méfiant, et n’accorde pas une grande confiance à l’homme qui a chassé l’animal au point de le faire presque disparaître. Pourtant, le castor peut tout à fait installer son logis non loin de zones habitées.Mais il est indispensable de se montrer respectueux, patient, et de s’armer de jumelles pour l’observer en toute discrétion.
Aujourd’hui, il est présent dans près d’une cinquantaine de départements français. Au cours de balades matinales, il est possible de repérer les traces qu’il laisse à son passage, notamment avec sa queue plate qui lisse le sable des bords de rivières, ou l’herbe couverte de rosée.
2 commentaires
En randonnant ds le vallon de Granzon près du porche de la dragonnière de Banne, j'ai repéré un arbre rongé par des castors. En avez-vous déjà repéré ?
Vous oubliez toutes les rivières cévenoles et leurs affluents de la rive droite du Rhône telles que La Cèze, l'Ardèche où des prélèvements ont été effectués pour repeupler les rivières des départements que vous citez.
Je pense que vous avez inversé chronologiquement la réapparition de ce rongeur aussi agréable à voir se déplacer que discret.
Les bords de rivière que j'ai cité plus haut ont très souvent des branches écorcées coupées en biseau qui ne laisse aucun doute sur la présence du castor même si leur habitat n'est pas visible.
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