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Le loup : comment vit-il ? Ou est-il implanté en France ?

Le loup : comment vit-il ? Ou est-il implanté en France ?

Avant de disparaître totalement de France, le loup était présent dans tous les départements métropolitains. Depuis son retour officiel dans les Alpes en 1992, le canidé a colonisé une grande partie du territoire grâce à sa forte capacité d’adaptation. Si la plupart des populations vivent en meute, des individus solitaires sont observés jusqu’en Bretagne. Dans cet article, nous saurons comment se déplace le loup en France, pourquoi il se disperse et dans quelles régions il se reproduit.

Combien y-a-t-il de loups en France ?

À la fin de l’hiver 2022-2023, la population de loups en France était estimée à 1104 individus. De nouveaux territoires français ont été conquis par des canidés solitaires mais l’implantation de nouveaux groupes reproducteurs y est quasiment inexistante. Les effectifs du loup subissent un ralentissement de leur croissance en raison des tirs autorisés par les pouvoirs publics auxquels s’ajoute un braconnage dont on ignore l’ampleur. À titre de comparaison, on recense 2000 spécimens en Espagne et plus de 3300 en Italie. L’espèce est inscrite en “préoccupation mineure” sur la liste rouge européenne et mondiale de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) mais elle est classée en catégorie “vulnérable” sur la liste rouge française.

Où sont implantés les loups en France ?

Si les Alpes constituent le cœur de la population de loups, des meutes se trouvent également dans le massif central, les Vosges, le Jura franco-suisse et les Pyrénées. Depuis son arrivée en France dans les années 1990, l’animal gagne progressivement du terrain vers l’ouest et le nord. Des individus isolés peuvent néanmoins être observés dans tout le pays, ce qui a été le cas en Charente-Maritime et en Ile-de-France, et plus récemment dans la Sarthe, la Manche et le Finistère. Au regard de sa capacité à se répandre, le loup pourrait coloniser d’autres régions françaises où abondent les ongulés sauvages dont il se nourrit.

Comment sont comptés les loups ?

Comme indiqué plus haut, le nombre de loups en France est estimé à 1 104 individus en 2023. Le comptage s’effectue chaque année d’octobre à avril, lorsque le canidé se déplace moins. L’Office français de la biodiversité (OFB) est responsable de ce suivi via le réseau loup-lynx, composé de professionnels et de bénévoles qui collectent différents types d’indices sur le terrain : observations visuelles du canidé, de ses empreintes, fèces, poils, repérage de ses hurlements et de traces de morsure sur des animaux domestiques ou sauvages. Ces indices font ensuite l’objet de traitements statistiques pour établir une estimation du nombre d’individus à l’échelle nationale. Le comptage est un enjeu crucial car il détermine le nombre d’individus pouvant être abattus légalement chaque année. Selon les associations d’éleveurs, les chiffres fournis par l’OFB sont minorés au regard du nombre d’attaques perpétrées sur leurs troupeaux.

Comment le loup est-il arrivé en France ?

Les analyses génétiques ont établi que les loups présents en France sont de souche italienne. Les individus sont arrivés naturellement et par étapes jusqu’aux Alpes du Sud en partant du massif des Abruzzes, dans le centre de l’Italie. Si les indices de leur réapparition dans les Alpes du Sud remontent à la fin des années 1980, la première observation authentifiée date de novembre 1992, dans le parc national du Mercantour. Ce retour, accompli sur 20 ans, a démontré que les loups étaient capables de traverser des zones urbanisées et de grandes infrastructures routières. Après les premières localisations attestées dans les Alpes-Maritimes, le canidé a colonisé une grande partie de la chaîne alpine et opéré des incursions dans tous les massifs montagneux alentours.

Pourquoi le loup avait disparu de France ?

En France, le loup se répartissait jadis sur l’ensemble du territoire métropolitain. L’animal a disparu dans la première moitié du XXe siècle en raison de la réduction de son habitat naturel (urbanisation et expansion agricole) et de la chasse intensive dont il a fait l’objet. Sa persécution organisée était motivée par sa prédation avérée ou supposée sur le bétail et sur l’homme, ainsi que par les croyances populaires qui en faisaient une créature nuisible et malfaisante. Après son extinction dans les années 1930, le canidé est réapparu en France lorsque la réglementation l’a protégé. Parallèlement, les parcs naturels et les réserves se sont développés, fournissant au loup pléthore de proies (cerfs, chamois, chevreuils, sangliers et mouflons). La dynamique de l’animal en termes de reproduction a contribué à multiplier ses effectifs. Sa population peut en effet doubler en 5 ans si les conditions favorables sont réunies (nourriture abondante, mortalité faible).

Loup : quel est son mode de vie ?

Le loup vivant en France appartient à la sous-espèce italienne (Canis lupus italicus), un peu moins grande que le Canis lupus lupus originellement présent sur l’Hexagone. Les adultes mesurent environ 60 à 70 cm au garrot et de 1,1 à 1,5 m de long (sans la queue). Les femelles pèsent entre 18 et 30 kg, les mâles entre 20 et 40 kg et les louveteaux 500 g à la naissance. Espèce sociale, le loup constitue une meute hiérarchisée dans laquelle seul le couple dominant, dit alpha, se reproduit et guide le groupe, les autres membres étant soumis. La structure familiale comprend le couple reproducteur, ses petits de l’année et parfois 1 ou 2 jeunes de l’année précédente. Une portée compte environ 4 à 8 louveteaux mais le taux de mortalité étant élevé, près de 50% d’entre eux meurent avant leur premier anniversaire. Les juvéniles qui survivent quittent la meute entre 1 et 4 ans.

Comment se déplace le loup ?

Quand vient la période du rut, à la sortie de l'hiver, les jeunes adultes qui veulent se reproduire s’en vont conquérir de nouveaux territoires. Ces loups solitaires peuvent parcourir 80 km par jour pour trouver un partenaire et fonder une famille. En attendant de former leur propre meute, ces canidés appelés “disperseurs” errent en solitaire. Vulnérables car peu expérimentés, ils sillonnent des espaces inconnus et doivent chasser seuls. Ces individus en dispersion représentent 10 à 40% de l’effectif d’une population. Toutefois, si on trouve les traces du loup dans des dizaines de départements français et que le front de colonisation de l’animal s’étend, la grande majorité des reproductions est constatée dans les Alpes.

Le loup est-il protégé en France ?

En Europe, le loup est protégé par la Convention de Berne (1979) et est inscrit dans les annexes II et IV de la directive Habitats de l’Union Européenne. En France, l’arrêté ministériel du 22 juillet 1993 protège le canidé sur le territoire national mais la directive européenne prévoit la possibilité de déroger au statut de protection de l’espèce sous certaines conditions. À ce titre, la législation française autorise le prélèvement par le tir d’un nombre de loups défini chaque année afin de réduire les dommages engendrés sur les troupeaux.

En quoi consiste le nouveau plan loup ?

Le nouveau Plan National d’Actions (PNA) 2024-2029 sur le loup et les activités d’élevage entend poursuivre la protection de l’espèce tout en accompagnant mieux la profession agricole face à la menace de la prédation. Parmi les actions que prévoit le texte :

  • L’assouplissement de l’encadrement des tirs de défense permet aux éleveurs de se doter de matériel de vision nocturne tout en leur imposant d’utiliser un éclairage avant d’ouvrir le feu. L’usage des caméras d’observation nocturne supprime l’obligation d’éclairage pour les louvetiers, et permet de passer à 2 tireurs, voire 3 ;
  • Une simplification des procédures permet aux préfets d’accélérer la délivrance d’autorisations de tir (maximum 48h après attaque) ainsi que le déploiement des louvetiers ;
  • Les préfets peuvent désormais délivrer, dès la première attaque, des autorisations de tirs de défense aux éleveurs victimes d’attaques sur leurs troupeaux (bovins, équins et asins) ;
  • Les barèmes d’indemnisation des dommages causés aux élevages par les prédations par le loup, sont revalorisés à hauteur de +33 % pour les ovins et de +25 % pour les caprins ;
  • La méthode de comptage est modifiée par une technique de type captage-marquage-recapture pour une publication annuelle visant à établir le nombre maximal de loups pouvant être abattus ;
  • Le quota d’abattage reste inchangé, à 19% de la population recensée chaque année.

Avec le PNA 2024-2029, les autorités estiment avoir établi un meilleur équilibre entre protection des troupeaux et conservation de l’espèce menacée.

Par Nathalie Truche - Publié le 05/03/2024

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